Certaines situations inquiétantes, à l’instar de la pandémie qui frappe depuis deux ans la plupart des nations, favorisent la désignation de coupables idéaux. Les séniors ont ainsi été désignés comme responsables des différents épisodes de confinement décrétés par les pouvoirs publics. Il est vrai que la décision de protéger nos aînés, coûte que coûte, a été posée comme un axiome dès les prémices de la crise sanitaire. Pouvait-il d’ailleurs en être autrement ?
Si le débat semblait s’orienter vers un conflit entre générations, il se pourrait en fin de compte que la réalité nous surprenne. La crise sanitaire semble en effet plutôt favorable au renforcement de liens sociaux intergénérationnels.
Un sondage réalisé par l’institut IFOP en mai 2021 obtient un score historique de 89% de réponses positives à la question suivante : “Que ce soit dans le cadre professionnel, familial, amical ou dans vos relations sociales en général, vous arrive-t-il d’agir, d’organiser des actions, de collaborer à un projet avec des personnes de générations différentes ?”.
Les exemples de collaborations réussies entre générations ont été pléthoriques : des enfants adressant des dessins aux résidents des Ehpad, des étudiants de niveau master aidant des collégiens, des jeunes formant des séniors aux outils numériques, d’autres jeunes proposant de faire des courses pour des personnes à mobilité réduite, des seniors partageant leur expérience en matière de recherche d’emploi ou de conduite d’entretiens d’embauche, etc. Ces échanges intergénérationnels sont encourageants et rassurants pour ce qui concerne la préservation de l’unité sociale. La transmission, sous toutes ses formes, y joue un rôle clé, qu’il s’agisse de partage de compétences ou de connaissances, d’échanges de services ou de simple écoute de l’autre.
Avec l’explosion démographique des séniors, notre société fait face à un défi sans précédent. Elle va devoir apprendre à rendre tangible le concept du vivre ensemble, toutes générations confondues. Le développement d’une vraie dynamique solidaire est désormais essentiel pour résoudre cette équation démographique. Les pouvoirs publics ne sont pas épargnés. Il est en effet urgent de faciliter l’accès aux transports en commun pour les personnes à mobilité réduite, d’améliorer l’accessibilité des lieux publics, de prendre en compte les besoins spécifiques des vieux et des handicapés. L’inclusion est le viatique d’une politique décente prônant le vivre ensemble afin de prévenir les risques de fragmentation sociale qui pèsent sur notre société.
Le développement du lien intergénérationnel met en lumière l’existence d’une interdépendance entre tous les citoyens qui partagent des valeurs sociales et éthiques.
