"2 AVC, mais je ne lâche rien !"

"2 AVC, mais je ne lâche rien !"

Isabelle a rencontré Gaby, 77 ans, qui a fait 2 AVC consécutifs en 2019. Il nous explique comment Mementop, qu'il utilise depuis quelques mois, l'aide à ne jamais rien lâcher...

Je viens tout juste de garer ma voiture dans un petit village situé au cœur du parc nationale de Brière, lorsqu'un homme de taille moyenne vient à ma rencontre d'un pas décidé. Je suis attendue... Parvenu à ma hauteur, il s'immobilise, m'observe un court instant avant de me dire:

- Bonjour, moi c'est Gaby et pas Gabriel, c'est compris ?

Sans attendre de réponse, il ajoute :

- On va passer par derrière, c'est plus simple.

Le ton est donné. Gaby est une personne franche et directe. Je lui emboite le pas et nous faisons le tour de la maison pour rejoindre un magnifique potager, tandis que j'aperçois une femme qui se dirige vers nous, un sourire aux lèvres. Voilà donc Gisèle, l'épouse de Gaby. Je lui retourne son sourire mais ne peux contenir un "wahou" à la vue des immenses pieds de tomates chargés de fruits dont certains ont la taille d'un melon. Je reste figée avant de me reprendre et de chercher le regard de Gaby. Je ressens sa fierté de talentueux jardinier.

L'instant d'après, nous nous installons au salon de jardin, sous un bel arbre dans les branches duquel je devine la silhouette d'une fillette que Giselle interpelle aussitôt.

- Célya ma chérie, descends de ton arbre et viens dire bonjour à la dame.

J'observe Gisèle. C'est une belle femme de 73 ans, élégante et lumineuse. C'est aussi la grand-mère de huit petits-enfants dont elle s'est beaucoup occupé. Gaby quant à lui est âgé de 77 ans. Ce retraité actif ne souffre d'aucune maladie neuro-évolutive. Mais il a fait deux AVC à deux jours d'intervalle en août 2019, après avoir appris le décès de son meilleur ami. Gisèle m'explique que ce genre de récidive est chose courante, comparable aux répliques qui surviennent parfois après un tremblement de terre. Gaby ne s'est pas laissé abattre et a travaillé assidument, d'abord à l'hôpital puis au centre de rééducation de St-Nazaire. Il est parvenu à récupérer l'usage de sa jambe mais pour sa main droite, c'est beaucoup plus compliqué. Personne volontaire et obstinée, il refuse d'abdiquer et sollicite sa main tous les jours, en utilisant même les jeux de sa petite-fille. Lorsqu'elle entend sa grand-mère, Célya se précipite à l'autre bout du jardin pour y chercher le jouet qu'elle a l'habitude de "prêter à son papi". Elle me tend une sorte de plateau en matière plastique et un sac de pions colorés que l'on pique sur la grille dessinée sur le plateau afin d'y reproduire des motifs géométriques. La gamine lance à son grand-père :

- Je vais plus vite que toi, hein papi ?

Gaby se contente de sourire. Leur complicité est émouvante. Gisèle reprend en me regardant :

- Il est têtu vous savez. Nous avons tardé à nous rendre aux urgences. Il ne se sentait pas bien depuis le matin mais il m'a caché les choses, jusqu'à ce qu'il s'écroule en fin de journée. Les médecins nous ont expliqué qu'une prise en charge rapide après un AVC réduit considérablement les risques de séquelles.

Gaby, qui me regarde d'un air malicieux, intervient pour démentir les propos de son épouse, évoquant ses difficultés actuelles, le fait qu'il lui faut désormais davantage de temps pour faire certaines choses. Mais ce qui semble lui peser le plus, c'est d'être contraint de solliciter l'aide de Gisèle. En m'adressant un clin d'œil, il ajoute :

- Que voulez-vous, je ne puis m'empêcher de jouer les contremaitres, tandis qu'elle s'exécute docilement.

Gaby et sa petite-fille

Gisèle précise qu'au-delà de la fatigue, son mari oublie beaucoup plus de choses qu'auparavant de sorte qu'elle est sans cesse contrainte de répéter ses propos. Au début, elle lui demandait de faire un effort, d'essayer de se souvenir, de se concentrer. Elle imaginait bien faire, pensant qu'en l'encourageant ainsi à rester attentif, elle stimulerait sa mémoire et contribuerait à son rétablissement. Mais lui, au contraire, se sentait diminué, vexé de ne pas y parvenir. Jusqu'au jour où une amie leur a parlé du travail réalisé par une jeune entreprise nantaise. Une startup qui développe un dispositif non médicamenteux conçu pour aider les personnes âgées à préserver leur autonomie tout en soulageant la charge mentale qui pèse sur leurs proches. Cette startup innovante, c'est évidemment Mementop. Gisèle n'a pas tardé à prendre contact avec notre service d'assistance via le site internet dédié au dispositif. Elle a décidé de tenter l'expérience et de souscrire un abonnement à l'application.

- Je pensai que Mementop pouvait aider mon mari. Et j'ai rapidement compris que cette application me serait aussi bien utile. Ces derniers temps, j'oublie moi-même beaucoup de choses. J'avais l'habitude de prendre des notes au dos du grand calendrier punaisé sur la porte de ma cuisine. Mais lorsque je pars faire des courses ou si nous allons chez le médecin, j'oublie toujours quelque chose. Maintenant, il me suffit de ne pas oublier d'emporter mon téléphone. J'y retrouve tout ce qui est important. J'utilise les mémos et l'agenda pour y noter toutes les questions que je dois poser au médecin. Et puis, c'est discret...

Gisèle, s'arrête un instant et me sourit. Puis elle reprend :

- Les rappels permettent à Gaby de se souvenir qu'il est temps de se mettre en route et d'arrêter de jardiner !

J'interroge mes hôtes à propos des autres fonctions qu'ils utilisent dans l'application Mementop. Gisèle semble un peu gênée lorsqu'elle me répond timidement :

- Les jeux. Il en faudrait davantage d'ailleurs...

Son époux intervient :

- Ah oui alors, çà, elle aime jouer ! Je trouve même qu'elle y passe trop de temps ! Moi, je n'ai pas assez de patience pour ce genre de choses.

Gisèle m'explique que les notes aussi lui sont très utiles mais qu'ils n'utilisent pas beaucoup les mémos. Nous en avions presque oublié la petite Celya qui n'a rien perdu de la conversation et intervient d'un coup :

- Mais non, c'est pas ça, c'est l'album de photos que vous utilisez tous les deux.

Puis elle ajoute en me regardant fixement :

- Ils ont mis dedans plein de photos de moi !

Je quitte Gisèle, Gaby et Célya quelques instants plus tard, après les avoir remerciés de leur accueil, emportant avec moi un sac lourdement rempli de très belles tomates du jardin...

Isabelle Debeaulieu