Faut-il annoncer sa maladie à son employeur ?

Faut-il annoncer sa maladie à son employeur ?

L'annonce du diagnostic de la maladie d'Alzheimer est une obligation légale pour tout médecin. Aussi douloureuse soit-il, ce diagnostique permet d'impliquer le patient et l'invite à se prendre en charge. Mais dès lors qu'on se sait malade, que convient-il de dire à son entourage ? Comment prévenir ses proches, doit-on informer son employeur ? Faut-il attendre une évolution des symptômes ? Quels sont nos droits et nos devoirs vis-à-vis de l'entreprise qui nous emploie ?

Avec plus d'un million de personnes concernées en France par une maladie neuro-évolutive, la question des patients exerçant une activité professionnelle est désormais un véritable enjeu de santé publique. Le monde de l'entreprise n'est pas idéal pour une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer. Son vocabulaire spécifique s'exprime à l'aide de mots tels que performance, compétitivité, croissance... À première vue, ces derniers semblent peu compatibles avec les symptômes de la maladie.

En préambule, sachez qu'aucune obligation légale ne vous contraint à annoncer votre maladie à votre employeur, même si celui-ci vous interroge directement à la suite d'un arrêt de travail. Être malade, ce n'est pas être coupable et rien ne vous contraint à informer vos collaborateurs ou votre patron.

Il en va de même pour ce qui concerne la communication avec le médecin du travail : n'informez ce dernier que si vous le souhaitez. N'oubliez pas cependant que votre médecin du travail, tenu au secret professionnel, peut être votre allié. N'hésitez pas à le consulter et à lui parler en toute franchise. Il est tenu de vous accompagner et de proposer à votre employeur les aménagements souhaitables de votre poste de travail.

Même si cela semble insurmontable, mettre votre entreprise dans la confidence présente de nombreux avantages. Tout d'abord, dûment informée et accompagnée le cas échéant par le médecin du travail, l'entreprise se doit de vous aider à conserver votre emploi, le plus longtemps possible. Demeurer actif et durablement utile vous aide à garder le contrôle, à réduire les risques d'isolement social, à préserver votre autonomie. En travaillant, vous concentrez votre énergie sur autre chose que la maladie elle-même. Cette dernière n'a pas endommagé votre savoir-faire. Elle n'a pas davantage détruit votre expérience. Vous n'avez pas choisi d'être malade et en informant vos collaborateurs vous permettez à l'employeur d'anticiper et de prévoir, chaque fois que nécessaire, un allégement de votre charge de travail. Il est bien plus pertinent pour votre entreprise d'aménager vos conditions de travail que de prévoir votre remplacement.

Les difficultés que vous rencontrerez seront parfois visibles. Bien expliquées, elles ne seront pas injustement considérées comme une marque de désintérêt ou d'incapacité de votre part.

Une fois votre entreprise informé, nous vous invitons à faire une demande de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). La démarche s’effectue auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) de votre lieu de résidence. Ce statut permet, en fonction de votre taux d’incapacité, d’obtenir certaines prestations et d'envisager une activité thérapeutique à temps partiel, dans le but d'adapter votre charge de travail à l'évolution de vos capacités, sans aucune réduction de salaire durant un an. Si votre entreprise emploie plus de vingt salariés, l'embauche de personnes handicapées lui permet d'éviter des taxes supplémentaires

Que dire à vos collègues de travail ?

Reste l'épineuse question de vos collègues de travail. Il vous appartient de décider de les informer ou de garder le silence. Ce choix personnel varie d'un environnement à l'autre. Posez-vous la question en toute honnêteté : ressentez-vous l'envie d'en parler à certaines personnes autour de vous ?

Si vous ne souhaitez pas parler de votre état avec vos collègues de travail, nous vous conseillons néanmoins d’évoquer les conséquences de la maladie sur vos capacités à remplir vos fonctions. Parler de vos difficultés, sans pour autant nommer explicitement votre maladie, vous permettra d’éviter certains malentendus. Si vous travaillez en équipe, et si les activités de vos collègues dépendent des vôtres, être honnête avec eux et clair à propos de vos besoins vous permettra peut-être d'éviter de vous marginaliser ou de vous isoler.

Le responsable des ressources humaines peut éventuellement vous aider à prendre votre décision. Une fois votre employeur informé de votre état de santé, n'hésitez pas le solliciter.