Le premier village Alzheimer

Le premier village Alzheimer

Certaines initiatives nous réjouissent tant elles sont porteuses d'espoirs. Je souhaite vous parler d'un petit village que j'ai découvert au détour d'une promenade dans le pays landais. Un village qui s'oppose encore et toujours à l'envahisseur ! Un village d'irréductibles daxois qui résistent à l'angoisse, aux malaises, aux tabous et à tous les stéréotypes négatifs associés à la maladie d'Alzheimer et qui finissent par être assimilés par le malade lui même !

Situé à Dax, à deux pas du centre-ville, un village a été recrée : le premier village Alzheimer français. Inspiré d'une initiative nordique, ce lieu s'étend sur cinq hectares,  organisés en quatre quartiers d'habitation. Seize maisons partagées sont réparties autour d’une place centrale, comme dans la "vraie vie". Ce village sans clôtures est complètement ouvert. De simples bardages en bois, entourant des jardins paysagers et des potagers délimitent la zone. Aucune barrière, au propre comme au figuré, n'a été installée ici.

La bastide principale abrite plusieurs lieux de vie et des commerces : épicerie, salon de coiffure, restaurant, salle de spectacle... Tout a été pensé pour préserver le lien social entre les résidants et le monde extérieur.

L'aidé est une personne qui aime, désire et intrinsèquement échange avec les autres...

L'aidé, malade ou non, est un individu à part entière, une personne qui aime, désire et intrinsèquement échange avec les autres. Comme à la maison, les résidents du village sont associés à la vie domestique : lessive, épluchage de légumes, tâches ménagères... Chaque activité est un prétexte d'ancrage du résident dans son quotidien. Cette approche originale et bienveillante respecte les compétences de chacun afin d'éviter des situations d'échec. Aucune blouse blanche n'est visible à l'horizon puisque l'accompagnement proposé aux malades se veut plus social que médical. La maladie d'Alzheimer n'est pas que biologique : elle est aussi psychologique et sociologique.

Le personnel revendique un état d'esprit et une culture axés sur l'accompagnement

L'encadrement des résidents est pris en charge par un personnel polyvalent. Il se compose de médecins, d'infirmiers, d'assistants en soins gérontologiques, de psychologues, d'ergothérapeutes... et bien sûr d'animateurs spécialisés. S'ajoutent à ces experts le personnel administratif et les professionnels chargés de la restauration ou de l'entretien. Au total, pas moins de cent-vingt professionnels fréquentent le village, épaulées par de nombreux bénévoles - lorsque le contexte sanitaire le permet. Tous veillent à permettre aux résidents de mener une vie agréable et riche.

L'ambition est de porter la vie locale au coeur du village et de participer à l'innovation thérapeutique du projet. Un centre de ressources et de recherches installé au sein du village permettra de comparer et de mesurer les résultats obtenus.

Espérons que ce village sera le premier d'une longue série ! S'il ne guérira pas ses occupants, il permettra, en plus d'aider ses résidents, de donner une autre image de la maladie d'Alzheimer.